Phobie de la saleté et des microbes
Ce n’est pas une phobie, mais un TOC
C’est le TOC le plus courant.
A cause de lui, vous avez toujours l’impression de vous salir, de vous souiller ou de vous contaminer dès que vous touchez quelque chose ou quelqu’un. Cela peut être par des microbes, des virus, des produits toxiques, radioactifs, des sécrétions, du sang, des selles, le cancer, juste parce que « c’est sale » ou autres. Ce n’est limité que par votre imagination.
En tous cas, dès que vous touchez quelque chose, vous avez l’impression qu’une substance dégoutante et/ou dangereuse vient de se coller sur votre peau. Et, que si vous ne faites pas attention, ça va se colporter d’objet en objet. Vous allez vous contaminer (c’est déjà un problème), contaminer votre maison, mais pire encore vous allez contaminer les autres qui tomberont malades par votre faute.
Et donc, vous ressentez le besoin de tout laver, de tout nettoyer.
Vous vous lavez les mains des dizaines de fois par jour. Vous pouvez avoir la peau attaquée par les produits que vous utilisez. Vous passez des heures sous la douche, vous pouvez en prendre plusieurs par jour. D’ailleurs, votre famille ne sait plus ce que c’est que l’eau chaude.
Vous lavez tout et n’importe quoi : les clefs, l’argent, les chèques, le téléphone portable (il le supporte mal). Parfois n’importe comment : avec votre salive, avec de l’eau, avec de la javel. Vous êtes accro aux lingettes désinfectantes, aux rouleaux de sopalin, aux savons et produits d’entretien.
Il s’agit d’une maladie fréquente touchant entre 2 et 3 personnes sur 100. Il débute vers 10 ou 12 ans et dans l’immense majorité des cas avant l’âge de 25 ans. On estime que si après 3 ans, vous n’avez pas trouvé la solution tout seul, vous aurez besoin d’aide, car vous ne la trouverez pas et dans ce cas rien ne viendra arrêter vos compulsions qui pourront se développer jusqu’à devenir extrêmement handicapantes.
Il est quand même intéressant de venir consulter même si cela fait moins de 3 ans que vous avez un TOC. Un comportementaliste pourra vous donner tout de suite la solution et vous éviter les pièges et les difficultés
TOC et hérédité
le TOC peut être familial, cela correspond à 30% des patients obsessionnels vus en consultations spécialisées et dans ce cas, on retrouve des personnes ayant des TOC plus ou moins graves à chaque génération.
Mais il ne s’agit pas du même TOC : le grand-père maternel peut être un vérificateur, la mère une laveuse et le fils adolescent à des obsessions de malheur et une arithmomanie.
Ce n’est donc pas un apprentissage excessif de la propreté qui se transmet de manière culturelle dans la famille. C’est la capacité à développer un TOC, quel qu’il soit, qui se transmet.
TOC et Syndrome de Gilles de la Tourette
Certains TOC sont liés génétiquement aux Tics et au syndrome de Gilles de la Tourette.
Le syndrome de Gilles de la Tourette touche un peu moins de 1 adulte sur 100. Et dans ce cas, on retrouve dans la famille, à chaque génération, des personnes ayant eu des Tics dans l’enfance et l’adolescence, des personnes souffrant de TOC, des personnes ayant un trouble attentionnel, et des personnes impulsives colériques et violentes. Certains associent plusieurs problèmes : Tics et TOC, ADHD et Tics, etc..
Dans ce cas, il peut s’agir de TOC classique, mais on retrouve aussi souvent des compulsions de rangement, si vous avez cela, il vous faut mettre les choses d’une certaine manière : en général, il faut que ce soit symétrique, et parallèle. Vous ne savez pas trop pourquoi, mais il faut que ce soit comme il faut.
TOC et traitement
Les TOC se traitent bien. La thérapie comportementale est le traitement de référence dans le monde entier, et elle est en général suffisante pour des TOC qui vous font perdre moins de 4 à 5H par jours.
Au-delà, il est habituellement nécessaire d’ajouter un traitement dont le but est d’affaiblir suffisamment le TOC, afin de pouvoir faire les exercices de thérapie comportementale.
Dans certains cas, le traitement seul entraine la suppression complète du TOC, cependant, les médicaments ne vous apprennent rien et la rechute est systématique à l’arrêt du traitement.
Les traitements du TOC ont un effet atténuateur ou suspensif sur le TOC mais pas d’effet curatif. Cependant, cet effet fait une énorme différence si vous êtes submergée par les compulsions et ne pouvez pas faire les exercices de thérapie comportementale ou si vous avancez trop lentement.
Enfin dans certains cas, il n’y a pas d’autres solutions que les traitements médicamenteux, soit du fait de particularité du TOC qui rendent la thérapie comportementale trop difficile, soit parce qu’il n’y a pas de thérapeute formé à la TCC des TOC autour de vous.
Dans les cas gravissimes et résistants à tous les traitements, il existe maintenant des techniques chirurgicales de stimulation profonde qui viennent « bloquer » la zone du cerveau responsable ou cruciale pour le TOC.